Le gouvernement de la Colombie-Britannique débloque une enveloppe non récurrente de 10,5 millions de dollars pour aider les établissements d’enseignement postsecondaire de la province à s’adapter à la révision en profondeur du modèle fédéral de financement des programmes d’anglais dans la province.
Les opposants voient plutôt dans ce financement de transition une solution temporaire qui est bien en deçà du soutien financier que devrait apporter le gouvernement fédéral pour satisfaire à l’augmentation de la demande de cours d’anglais en réaction à la diversité grandissante des populations étudiantes et immigrantes.
La Federation of Post-Secondary Educators of B.C. (FPSE) a joint sa voix à celle de la section provinciale de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants pour manifester son opposition à la révision annoncée. Sa présidente, Cindy Oliver, a déclaré que des milliers d’étudiants inscrits dans une foule de programmes linguistiques de niveau postsecondaire d’un bout à l’autre de la province feront les frais de la nouvelle orientation.
« (Nous) mobilisons les étudiants, les organisations communautaires alliées et l’ensemble du mouvement syndical afin de réclamer du gouvernement fédéral qu’il continue de financer la prestation de programmes d’anglais de qualité, et strictement par l’entremise du système d’enseignement postsecondaire public », a-t-elle affirmé.
Le gouvernement de la Colombie-Britannique savait depuis 2012 que des changements étaient à l’horizon. Le fédéral avait alors annoncé qu’il mettrait fin à l’Accord Canada-Colombie-Britannique sur l’immigration, cette entente bipartite conclue il y a longtemps et qui porte notamment sur la prestation de services d’établissement pour lesquels le gouvernement fédéral verse 17 millions de dollars chaque année.
Ces fonds étaient distribués aux établissements par le ministère provincial de l’Enseignement supérieur pour les aider à offrir des cours d’anglais aux immigrants et aux étudiants.
Et pourtant, l’annonce faite en décembre dernier de la fin de l’accord, le 1er avril prochain — et par ricochet, du financement versé sous son empire — a provoqué une onde de choc dans le système. La réaction a été immédiate : les administrateurs ont agité le spectre de licenciements imminents et fermé des salles de classe, et la FPSE a organisé une campagne pour convaincre Ottawa de rétablir le financement.
Certes, l’offre d’un financement provisoire par la province est bien accueillie par les administrateurs des établissements d’enseignement. Ceux-ci disent qu’ils mettront à profit l’année de répit pour planifier méthodiquement la réduction progressive de leurs programmes linguistiques jusqu’à leur abolition complète à la fin de cette période. L’avenir de l’enseignement de l’anglais langue seconde en Colombie-Britannique n’en demeure pas moins incertain.
Le ministre de l’Enseignement supérieur de la Colombie-Britannique, Amrik Virk, affirme qu’après le 1er avril, Citoyenneté et Immigration Canada attribuera les contrats pour la prestation de cours d’anglais directement à des organismes sans but lucratif et à un nombre limité d’établissements d’enseignement postsecondaire.
Cependant, c’est seulement à la fin du mois de mars que nous saurons quels organismes ou établissements décrocheront les contrats, et quelle sera la valeur de ces contrats.
Qualifiant les compressions financières de « véritable recul », Mme Oliver soutient que la révision du modèle de financement survient alors que la situation de l’éducation postsecondaire en Colombie-Britannique est particulièrement difficile. En effet, depuis plus de dix ans, le financement de base des établissements publics ne cesse de perdre du terrain face à l’augmentation constante des coûts du système et la croissance des inscriptions.
Et à l’heure où l’on prévoit une hausse continue des inscriptions d’étudiants en provenance de l’étranger dans les établissements canadiens, « les raisons invoquées par le gouvernement fédéral pour sabrer le financement sont illogiques », ajoute-t-elle.
Le Vancouver Community College, premier fournisseur de cours d’anglais dans l’Ouest canadien, a reçu la plus grande part de la contribution provinciale, soit 4,67 millions de dollars.
Environ 200 personnes y sont affectées aux programmes d’anglais dispensés à 1 200 étudiants équivalents temps plein, ce qui représente près de la moitié des activités d’enseignement de l’anglais aux immigrants en C.-B. Quant à savoir si l’établissement sera aussi avantagé dans le nouveau modèle de financement administré directement par le gouvernement fédéral, rien n’est assuré.