Back to top

Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

avril 2014

T.-N. : les prêts remplacés par des bourses d'études

Le gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador maintient le gel des droits de scolarité de longue date à l’éducation postsecondaire, et élimine progressivement les prêts aux étudiants pour les remplacer par un programme de bourses d’études, selon le nouveau budget provincial déposé récemment.

En instaurant un programme exclusif de bourses d’études, Terre-Neuve-et-Labrador devient la première province canadienne à abolir les prêts aux étudiants. Il s’agit d’« une mesure d’importance historique pour l’égalité de l’accès à l’éducation postsecondaire », selon la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants. Le budget de 2014 élimine également tous les intérêts sur les prêts étudiants existants.

Or, bien que l’aide aux étudiants soit à l’avant-plan dans ce budget, d’aucuns dénoncent la stagnation relative du financement de base des établissements et les pressions croissantes exercées sur le corps professoral afin d’accroître la « produc­ti­vité », des facteurs qui nuisent à la qualité et à la nature même de l’éducation à laquelle ont accès les étudiants.

« Peut-être facilite-t-on l’accès à l’université et au collège », convient Ross Klein, président de l’association des professeurs de l’Université Memorial, « mais on entrave les possibilités d’exceller des professeurs ».

« Nous félicitons le gouvernement pour son soutien aux étudiants, mais notons l’absence d’un engagement correspondant envers ceux qui enseignent », dit-il.

Le budget alloue quelque 358 millions de dollars à l’Université Memorial et 67 millions au Collège de l’Atlantique Nord, des montants comparables à ceux de l’an dernier alors que la subvention de fonctionne­ment de l’Université Memorial était inchangée et celle du Collège de l’Atlantique Nord réduite de 15 mil­lions de dollars.

Selon M. Klein, des subventions de fonctionnement insuffisantes conjuguées à des charges de travail alourdies imposent un stress au corps professoral et altèrent la nature de l’expérience académique.

« C’est qualité contre quantité », ajoute-t-il. « Par exemple, l’obligation de publier six fois par année au lieu de trois représente une course contre la montre. C’est contraire à la nature de l’université qui suppose le temps d’apprendre, d’explorer et d’innover. »

Il prévient que les fortes exigences de productivité imposées au corps professoral se traduisent par une diminution du temps d’enseignement, surtout aux étudiants du premier cycle.

Les dirigeants de l’université ont dévoilé en février le plan d’examen de leurs opérations et budgets en réponse, disent-ils, à l’exigence énoncée dans le budget provincial de l’an dernier.

Selon son site web, « l’université a entrepris la première étape d’une démarche de compte rendu et d’évaluation d’un éventail exhaustif de données et de paramètres de ses activités et de son fonctionnement pour tous les secteurs (académique et administratif) ».

M. Klein affirme que la direction de l’université établit actuellement des données de référence en matière de productivité, et il signale que le recteur et le vice-recteur aux affaires académiques David Wardlaw ont récemment déposé un rapport qui vise une augmentation de 100 % de la productivité d’ici 2020.

« Nous ne sommes pas contre l’intensification des activités de publication ou de recherche », explique M. Klein. « Mais comment y arriver sans soutien adéquat? Comment ré­pondre à des exigences croissantes sur les plans administratif et de la recherche sans empiéter sur le temps d’enseignement? »