L’Université du Manitoba recule sur la hausse des droits de scolarité aux cycles supérieurs qu’elle avait annoncée, faute d’appui de la part du ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, James Allum.
La proposition de l’université d’augmenter de 330 % les « droits récurrents » — frais annuels imposés aux étudiants à la maîtrise et au doctorat qui rédigent leur thèse après avoir terminé tous leurs cours et travaux — s’est heurtée aux protestations des étudiants, et à l’opposition du ministre Allum qui a reproché aux administrateurs de ne pas avoir au préalable consulté la communauté universitaire.
« Je suis très heureuse qu’ils soient revenus sur leur décision », a déclaré Sharon Alward, présidente de l’association du personnel académique de l’Université du Manitoba. « Cette proposition nous a tous pris à l’improviste. »
Les étudiants des cycles supérieurs doivent actuellement acquitter des droits récurrents annuels de 700 $, mais ils apprenaient, le 6 mai, que l’université avait déposé une proposition afin de porter ces droits à 3 000 $ d’ici septembre 2016.
L’université a toutefois annoncé qu’elle renonçait à présenter sa proposition à la prochaine rencontre du Conseil de l’enseignement postsecondaire, organe chargé de transmettre des avis au ministre, ce dernier ayant clairement signifié qu’il n’avalisait pas l’augmentation.
Les administrateurs ont argué qu’ils voulaient combler l’écart entre les droits récurrents exigés à l’Université du Manitoba et ceux exigés dans d’autres grandes universités canadiennes, et que les étudiants des cycles supérieurs de l’université mettaient plus de temps à terminer leurs études que ceux des autres membres du U15, le regroupement des plus importantes universités au Canada.
« L’administration doit examiner attentivement les causes qui amènent les étudiants à prendre plus de temps pour terminer leurs études et les effets de cette situation », a indiqué Mme Alward. « Je suis pratiquement convaincue que la hausse des droits de scolarité ne rectifiera pas la situation. »
Bilan Arte, présidente de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants-Manitoba, convient que l’université doit effectuer une « analyse précise » de l’affectation de ses fonds avant d’augmenter les droits de scolarité.
« J’aimerais que l’université déploie de sérieux efforts pour réduire les coûts dans des secteurs moins essentiels avant de songer à hausser les droits de scolarité », a dit Mme Arte, selon laquelle les salaires exorbitants des administrateurs seraient parmi les premiers postes budgétaires à examiner.
« Il y a des individus qui touchent des salaires considérables, mais dont l’apport à l’université n’est pas énorme », a-t-elle dénoncé. « Nous ne croyons pas que les étudiants devraient écoper pour une mauvaise répartition du financement ou son insuffisance. »