Une proposition visant à interdire aux dirigeants de l’association du personnel académique de siéger au conseil des gouverneurs de l’Université Carleton soulève l’ire de ses opposants, qui voient en elle une attaque flagrante contre la liberté académique et la liberté d’association.
La proposition, déposée à une assemblée publique du conseil le 30 septembre dernier, a pris tout le monde par surprise, d’affirmer Chantal Dion, présidente de l’association du personnel académique de l’Université Carleton (CUASA), qui représente plus de 800 professeurs et bibliothécaires de l’université.
« Nous nous demandons ce qui a entraîné sa présentation, et quels sont les motifs du changement proposé », a-t-elle déclaré.
Le conseil des gouverneurs est composé de 32 membres, à savoir : le chancelier et le recteur, deux professeurs élus, deux autres membres du personnel administratif élus, deux représentants de l’association des diplômés, quatre étudiants élus par les associations des étudiants du premier cycle ou des cycles supérieurs, deux membres élus du sénat et dix-huit membres élus par la communauté, dont deux sont à l’origine du dépôt de la proposition.
Au dire de Mme Dion, le vote sur la proposition a été reporté parce que celle-ci a été renvoyée au comité responsable pour une étude plus approfondie.
Elle a fait remarquer que, dans toute l’histoire de l’université, le personnel académique a toujours été libre de désigner ses représentants au conseil. Tous les membres du conseil doivent signer une déclaration de confidentialité et de conflit d’intérêts avant d’entrer en fonction.
« Notre convention collective renferme déjà des mesures de protection contre les conflits d’intérêts. Il n’y a absolument aucune raison de modifier les pratiques habituelles », a dit Mme Dion.
La proposition pourrait être présentée de nouveau à la prochaine assemblée du conseil en décembre.
« Nous devons nous préparer à l’éventualité qu’aucun changement n’y ait été apporté », a dit Mme Dion.
Elle a envoyé une lettre à la vice-chancelière et rectrice de l’université, Roseann O’Reilly Runte, pour lui faire part de l’opposition de la CUASA à la proposition. Elle y écrit : « Le droit de participer à la gouvernance collégiale est au coeur de la liberté académique. Les professeurs doivent être libres de choisir les personnes qui les représentent dans les instances dirigeantes des universités et ce choix ne doit pas être assujetti à des règles restrictives. Si les professeurs décident de nommer un représentant qui siège aussi à un organe syndical, ils ne font qu’exercer leur droit.
« Il n’est pas nécessaire d’exclure des membres de syndicats ou d’autres groupes d’intérêt, car l’université a déjà adopté des règles pour se protéger.
« Tout comme nos membres ont le droit de participer à la gouvernance collégiale, ils ont le droit de participer aux activités de leur association sans être soumis à des restrictions ou faire l’objet de pressions. Cette proposition porterait gravement atteinte à ce droit et limiterait leur liberté d’association. »
Mme Dion dit qu’elle attend toujours une réponse de Mme Runte.
Le personnel académique espère, conclut-elle, que la controverse créée par la proposition ne minera pas le climat de collégialité qui règne à l’université.