Six mois après que l’université eut initialement approuvé l’établissement de centres d’appels, les membres du corps professoral ont adopté le 17 septembre une résolution réclamant la suspension de la mise en œuvre du plan, jusqu’à ce qu’un comité spécial mandaté l’an dernier pour étudier les répercussions de l’implantation des centres d’appels rende compte de ses conclusions. [Wavebreakmedia / Shutterstock.com]
Un vote en faveur de la suspension temporaire de la mise en oeuvre d’un modèle de tutorat inspiré des « centres d’appels » à l’Université d’Athabasca en Alberta constitue une victoire bien méritée pour la gouvernance collégiale, selon les opposants au plan.
Des membres du corps professoral préoccupés par le plan ont déposé, lors d’une réunion du Conseil général des études tenue le 17 septembre, une résolution réclamant la suspension immédiate de la mise en oeuvre en vue de permettre « une discussion, une consultation et la formulation d’une recommandation ».
La résolution a été adoptée, ce qui a obligé les administrateurs à se pencher sur la question de savoir si le modèle serait utilisé de façon généralisée à l’université et, le cas échéant, de quelle façon et à quel moment.
« Le conseil a essayé d’imposer un changement important en matière de pédagogie sans consulter le conseil des études », a indiqué Lawton Shaw, président de l’association du personnel académique de l’Université d’Athabasca. « Un tel geste déborde le champ de compétence du conseil, et le vote constitue un message fort. Cette expérience sans précédent a été des plus palpitantes. »
Les administrateurs ont commencé à examiner la mise en oeuvre de l’éducation à distance à l’université il y a deux ans, cela en vue de la moderniser, au dire de M. Shaw.
Un sous-comité du conseil des études s’est vu confier le mandat d’étudier les répercussions de l’implantation d’un « centre de réussite étudiante » au sein des diverses facultés.
Cependant, le conseil des gouverneurs d’Athabasca a approuvé en mars 2014 un plan triennal qui prévoyait l’établissement d’un centre d’appels, et il a commencé à mettre le plan en application dans certains cours de sciences, cela même si le comité n’avait pas encore fait connaître ses conclusions.
Ce geste a suscité une controverse au sujet des avantages du système, lequel peut déboucher sur la disparition d’une relation individualisée entre l’étudiant et le tuteur. Les étudiants qui appellent ou qui envoient un courriel se voient plutôt fournir un numéro de référence et sont mis en rapport avec quelconque universitiaire. Selon M. Shaw, dans les cours auxquels de nombreux étudiants sont inscrits, il arrive que des étudiants soient renvoyés d’une personne à l’autre, sans pouvoir bénéficier d’une approche cohérente.
Il a ajouté que le modèle n’est en outre pas bien adapté aux enseignants en sciences humaines ou sociales.
« Ils s’entendent généralement pour dire que ça ne marche pas. Vous ne pouvez enseigner l’anglais par l’entremise d’un centre d’appels. »
M. Shaw garde espoir que le recteur intérimaire, Peter MacKinnon, écoutera le message véhiculé par le vote.
« Le vote confirme l’opinion de l’association du personnel académique selon laquelle le choix du modèle de prestation des cours appartient essentiellement au domaine de l’enseignement et relève par conséquent de la compétence du conseil des études », a-t-il indiqué, tout en ajoutant qu’au cours des deux dernières années, « l’université n’a pas tenu compte de cet aspect de la gouvernance collégiale. Nous nous attendons bien à ce que la direction suive l’orientation énoncée dans la résolution. »
La section locale 3911 du Syndicat canadien de la fonction publique, qui représente les experts universitaires et les tuteurs au sein de l’établissement, a de plus déposé un grief officiel contre les administrateurs concernant cette question.
Le rapport du sous-comité est censé être déposé à la prochaine réunion du conseil des études.