Richard Stingle, le 11 septembre 1980, à l’Université de Western Ontario [London Free Press/QMI Agency]
Richard Stingle est décédé le 22 novembre dernier, à l’âge de 89 ans. Il laissera à tout jamais le souvenir d’un homme à principes qui a courageusement pris fait et cause pour Harry Crowe dans la controverse survenue en 1958 au United College de Winnipeg (aujourd’hui l’Université de Winnipeg), et ce, malgré le fait qu’il y occupait son premier poste important de professeur.
Harry Crowe, professeur permanent, y avait été congédié pour « avoir exprimé des opinions sur le Collège, le conseil (d’administration) et le recteur, comme le montrent ses communications. » Trois de ses collègues, dont Richard Stingle, qui était l’un des dirigeants de l’association du personnel académique du United College, avaient alors démissionné pour protester contre ce congédiement. Cette affaire a amené l’ACPPU à créer son premier comité d’enquête, lequel, dans son
rapport (en anglais seulement), avait exigé du conseil d’administration du United College qu’il réintègre Harry Crowe dans ses fonctions, mais pas ses collègues. Harry Crowe et 13 autres professeurs avaient alors remis leurs démissions en guise de protestation.
Le congédiement de Harry Crowe et la démission des 16 membres du corps professoral ont fait les manchettes dans tout le Canada, semant la division entre Winnipeg et la communauté universitaire.
Un an plus tard, l’ACPPU adoptait son premier énoncé de politique sur la liberté académique et la permanence de l’emploi, et établissait un comité responsable de ces enjeux, faisant ainsi de la liberté académique le point central de sa mission et créant le modèle qu’elle utiliserait désormais pour enquêter sur les cas présumés de violation de la liberté académique.
En 2009, l’ACPPU a décerné sa plus haute distinction, le prix commémoratif Milner, aux 16 démissionnaires solidaires de Harry Crowe, « pour s’être faits les champions de la liberté académique au mépris de leurs intérêts personnels. »
Richard Stingle a ensuite enseigné l’anglais à l’Université de Western Ontario, où il a travaillé pendant trente ans avant de prendre sa retraite.