Cathy Christie (à gauche), professeure à l’Université Queen’s et présidente du Comité du personnel académique contractuel de l’ACPPU, pose aux côtés de Theresa Montaño, Jeannie Rea et Sylvain Marois lors d’un événement tenu le 28 novembre dans le cadre de l’assemblée du Conseil de l’ACPPU, pour sensibiliser l’opinion sur les systèmes d’enseignement supérieur qui s’orientent de plus en plus rapidement vers un corps professoral composé en grande majorité de postes contractuels, et sur l’incidence de cette tendance sur la qualité de l’éducation.
Les dirigeants de syndicats de personnel académique sont unanimes : les postes contractuels ou occasionnels se multiplient au sein des corps professoraux. Cette tendance a été soulignée par tous les panélistes participant à une discussion parrainée par l’ACPPU lors de l’assemblée de son Conseil le mois dernier.
Les experts invités étaient Theresa Montaño, professeure au campus de Northridge de la California State University et présidente du National Council for Higher Education de la National Education Association (NEA); Jeannie Rea, présidente de la National Tertiary Education Union, en Australie; et Sylvain Marois, vice-président de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec.
Mme Montaño a signalé qu’aux États-Unis, l’éducation postsecondaire est de moins en moins un service d’intérêt public et de plus en plus un droit privé, ce qui a un impact majeur sur le rôle du corps professoral. « Cette mutation a entraîné une offre grandissante de cours en ligne et le recours accru à du personnel académique intermittent », a-t-elle déclaré.
« La forte proportion d’emplois précaires fragilise la profession académique en Australie », a convenu Mme Rea. Depuis 2005, trois postes sur quatre dans les universités australiennes sont occupés par des occasionnels ou des contractuels à durée déterminée.
Pour M. Marois, il est plus que jamais nécessaire que les syndicats, les étudiants, la société civile et les organisations travaillent de concert pour contrer les attaques d’origine idéologique sur le secteur public. « C’est important de cibler le travail précaire, pas les travailleurs précaires », a-t-il précisé.
Le syndicat présidé par Mme Rea s’est surtout appliqué à inciter ses membres à appuyer des campagnes de dénonciation du travail précaire et des contrats à durée déterminée.
Des avancées ont été réalisées dernièrement, à preuve l’imposition de limites à des catégories de contrats à durée déterminée, la conversion de postes occasionnels en postes « continus » et la création de postes de professeurs débutants.
Les activités de recherche, de défense des droits et de mobilisation sont les outils privilégiés par la NEA pour faire avancer les intérêts du personnel académique intermittent. Par exemple, sa campagne « Degrees Not Debt » vise à étendre les programmes d’exonération du remboursement des prêts étudiants aux travailleurs du secteur public, y compris le personnel académique à contrat dans les universités et les collèges.
Les panélistes se sont entendus pour dire que, face aux attaques portées contre l’éducation postsecondaire, les syndicats devaient se joindre à des coalitions nationales et transnationales ainsi qu’à des organismes internationaux comme l’Internationale de l’Éducation.
« Il est prioritaire de tenir, dans la prochaine année, un sommet sur l’éducation postsecondaire, à l’échelle nationale ou provinciale, afin de dégager les tendances actuelles et notre orientation future », a proposé M. Marois.