Le 18 mars dernier, le ministre des Finances de la Saskatchewan, Ken Krawetz, a déposé son cinquième, et peut-être dernier, budget qui, selon les professeurs et les étudiants, s’inscrit dans la lignée des deux précédents en priorisant de nouveau l’austérité.
Invoquant principalement la chute des prix du pétrole et la croissance démographique, le gouvernement privilégie un contrôle serré des dépenses, comme en témoigne leur faible hausse de 1,2 % par rapport à l’an dernier, même s’il prévoit un excédent de 107 millions de dollars.
Les subventions de fonctionnement accordées aux instituts de formation technique et aux collèges fédérés de la province augmenteront de 2 %, contre seulement 1 % pour les universités.
Le budget provincial ampute également de 14,7 millions de dollars la subvention de fonctionnement de l’Université de la Saskatchewan, une « compression financière ponctuelle ». L’Université a convenu de prélever 20 millions de dollars sur son fonds de réserve pour compenser ce manque à recevoir.
« Grâce à cette économie de 20 millions, le gouvernement sera en meilleure posture pour équilibrer les finances de la province, mais il ne faut pas oublier que l’Université a été sous-financée pendant des années », a déclaré Jim Cheesman, porte-parole de l’association du personnel académique de l’Université de la Saskatchewan (USFA). « Comme l’inflation réelle se situe à environ 4 %, cela représente une réduction de financement considérable. »
Il se dit également préoccupé par la possibilité que ce transfert de 20 millions de dollars pour atténuer les tensions financières de la province établisse un précédent pour ce qui est du financement futur des établissements d’enseignement postsecondaire dont les budgets sont écrits à l’encre noire. « Nous espérons que cela ne se produira pas, parce que cela constituerait une violation du principe de l’autonomie des établissements dans la planification et la réalisation de leurs priorités académiques », d’ajouter M. Cheesman.
Pour leur part, les étudiants du niveau postsecondaire supposent qu’ils devront puiser dans leurs poches l’argent nécessaire pour compenser le désengagement, à coups de millions de dollars, du gouvernement provincial. Par exemple, l’Université de la Saskatchewan avait obtenu une hausse de 2 % de son financement l’an dernier, mais avait exigé des étudiants une contribution supérieure de 4,5 % en frais de scolarité.
Devon Peters, président de l’association des étudiants de l’Université de Regina, déclare qu’il est difficile de déterminer les répercussions du budget au cours de la prochaine année, étant donné que les classes sont de plus en plus nombreuses et que les frais de scolarité ont déjà atteint un sommet.
La province prévoit aussi économiser plus de 33 millions de dollars au titre du programme de rétention des diplômés. Dorénavant, le crédit d’impôt offert aux diplômés pour les inciter à rester en Saskatchewan ne sera plus remboursable, une mesure que M. Peters juge régressive.
« Cette mesure fiscale profite seulement aux diplômés qui ont le moins besoin de ce programme », soutient-il. « Bon nombre de diplômés de fraîche date et d’étudiants des cycles supérieurs n’auront pas un revenu suffisant pour avoir droit au même crédit d’impôt qu’auparavant. Cette mesure va également à l’encontre du but du programme, car elle pourrait bien inciter de futurs étudiants à poursuivre leurs études dans une autre province que la Saskatchewan. »