Des membres du personnel académique et des étudiants de l’Université Western ont tourné le dos au recteur Chakma pendant son allocution lors de la séance du sénat du 10 avril.
Les révélations récentes selon lesquelles le recteur de l’Université Western, Amit Chakma, a touché le double de son salaire en lieu et place d’une année sabbatique, alors qu’on supprimait des postes et augmentait la taille des classes, ont secoué les organes de gouvernance et la haute direction de l’établissement.
Des protestataires en colère ont tourné le dos à un Amit Chakma repentant lors de la séance du sénat du 10 avril. C’était sa première sortie publique depuis l’éclatement du scandale le 27 mars.
« Avec la plus grande humilité, je vous offre mes sincères excuses pour les événements des dernières semaines », a déclaré M. Chakma. « Je fais amende honorable. »
S’adressant aux 400 membres du personnel académique et étudiants présents, M. Chakma s’est engagé à « fournir de plus amples occasions de discussion ». Or, peu après cette promesse, des agents de sécurité en civil confisquaient une pancarte brandie par des étudiants et proclamant : « Place à l’autogouvernance : récupérons notre université ». Ils avaient également saisi d’autres pancartes et fouillé les sacs à l’entrée de la salle.
Le campus de London, Ontario, était en proie à la crise depuis la publication, dans la
Sunshine List provinciale, du salaire de près d’un million de dollars de M. Chakma pour l’année 2014. Cette liste annuelle fait état des salaires de tous les fonctionnaires ontariens au-delà de 100 000 $.
La déclaration de Chirag Shah, président du conseil des gouverneurs de l’université, au Lon-
don Free Press a envenimé la crise : « Le conseil est très heureux (…) Nous versons un salaire juste et approprié ». Pour couronner le tout, M. Shah faisait un parallèle injustifié entre le salaire doublé et les années sabbatiques des membres du corps professoral.
« C’est un véritable affront », a déclaré Alison Hearn, présidente de l’association du personnel académique de l’Université de Western Ontario. « Le conseil et la haute direction font totalement fi de la communauté universitaire. D’importants changements s’imposent à la gouvernance, afin que l’université puisse accomplir sa mission essentielle, l’enseignement et la recherche. La gestion descendante pratiquée par la haute direction en vase clos et sans consultation doit cesser. »
Une semaine après le début de la crise, des membres de l’association du personnel académique adoptaient, par 94 % des voix, une motion de censure à l’endroit de M. Shah et M. Chakma. Une pétition publique sur change.org au même effet récoltait quelque 6 000 signatures. Dans la foulée de la promesse du recteur de tenir 100 jours de consultation auprès des étudiants et du personnel académique, Noahconfidenze — le pseudonyme du groupe ayant lancé la pétition sur change.org — créait un blogue sur tumblr. Il s’engageait à publier un commentaire ou une lettre par jour au fil des 100 jours suivants, en guise de « processus de consultation parallèle ».
Devant les incessantes et acerbes critiques des étudiants et du corps professoral, M. Chakma a indiqué qu’il redonnerait la moitié de son salaire de 2014, tandis que le conseil annonçait avoir confié à un ancien juge le mandat d’examiner ses décisions relatives à la conclusion de deux ententes avec M. Chakma lui permettant de renoncer à une année sabbatique et autorisant le doublement de son salaire.
Aucune de ces mesures n’a apaisé la colère des étudiants et du corps professoral. La table était mise pour la séance du sénat du 10 avril. « Cette controverse salariale est l’étincelle qui a mis le feu aux poudres », a indiqué Andrew Nelson, doyen associé en sciences sociales, et l’un des membres du corps professoral ayant eu l’occasion de blâmer M. Chakma pour sa conduite. « Je ne crois pas que l’université ait désormais intérêt à ce que vous en teniez les rênes. »
Le sénat de l’université a convoqué une séance extraordinaire le 17 avril afin de discuter d’une motion officielle de censure visant le président du conseil des gouverneurs Chirag Shah et le recteur Amit Chakma.
Dans une
lettre publique, la direction de l’association du personnel académique a demandé la tenue d’« une enquête indépendante et objective sur la gouvernance à l’Université Western, incluant les activités du sénat et du conseil des gouverneurs. »