Lors d’une assemblée tenue à Ottawa le 2 mai, les membres du Conseil de l’ACPPU ont unanimement adopté une motion demandant qu’une sanction de blâme soit imposée à l’administration des universités Athabasca et du Manitoba à moins que celles-ci ne prennent les mesures nécessaires pour remédier aux violations des principes fondamentaux de la gouvernance universitaire et aux atteintes à la liberté académique.
En novembre prochain, le Conseil de l’ACPPU engagera la procédure de blâme à l’endroit des universités Athabasca et du Manitoba à moins que celles-ci ne prennent les mesures nécessaires pour remédier aux préoccupantes violations des principes fondamentaux de la gouvernance universitaire et aux atteintes à la liberté académique.
Les délégués à l’assemblée du Conseil de l’ACPPU ce mois-ci ont unanimement adopté une motion à l’effet de donner avis aux deux administrations que faute de dispositions pour corriger ces situations, le Conseil imposerait le blâme à leur encontre à sa prochaine assemblée.
Un comité d’enquête de l’ACPPU concluait, dans son rapport rendu public en janvier, que les actions et décisions au sein du département de science économique de l’Université du Manitoba « envisagées collectivement, ont constitué des violations de la liberté académique en créant un environnement dans lequel les collègues hétérodoxes étaient déconsidérés ». Il révélait également l’existence d’un climat de travail « pernicieux qui perturbe le fonctionnement du département au point où celui-ci est en crise ».
Bien qu’elle soit au courant des sérieux problèmes qui touchent le département, la direction de l’université n’a pas réglé la situation.
« Nous avons bon espoir de trouver une solution au cours des six prochains mois », a dit le directeur général de l’ACPPU, David Robinson. « Mais s’il n’y a aucun progrès d’ici novembre, nous imposerons le blâme à l’endroit de la direction. »
En février, l’ACPPU a lancé un avertissement au recteur intérimaire de l’Université Athabasca, Peter MacKinnon, concernant de « sérieuses allégations de violation de la gouvernance collégiale ». L’administration avait approuvé la mise en oeuvre d’un centre d’appels qui, selon le corps professoral, imposait un changement important en matière de pédagogie.
M. Robinson écrivait : « Je sais que votre administration a informé l’ensemble du personnel l’an dernier qu’elle avait décidé d’implanter un ‘centre de réussite étudiante’ au sein de toutes les facultés, tout en reconnaissant que le modèle de centre d’appels retenu aurait des répercussions sur l’enseignement et l’apprentissage. En ce sens, cette décision doit selon nous être soumise à l’approbation du conseil des études.
« Le 17 septembre 2014, le conseil des études adoptait une résolution exigeant que l’université suspende sur-le-champ l’implantation d’un centre de réussite étudiante pour lui permettre d’étudier la question et de formuler des recommandations. Nous trouvons fort préoccupant que vous ayez considéré la résolution comme un simple avis plutôt qu’une directive. C’est une atteinte à l’esprit de la résolution et à l’autorité du conseil des études. Ce bras de fer est contraire aux traditions de la gouvernance collégiale dans les universités canadiennes en général. »
Il rappelait également à M. MacKinnon que « la convention collective entre l’université et l’association du personnel académique protège la liberté académique, en ce qui concerne spécifiquement l’enseignement. L’adoption par anticipation d’un modèle de prestation de cours qui modifie la relation entre le professeur et l’étudiant menace la liberté académique. »
M. Robinson ajoutait que les allégations sont préoccupantes du fait que l’implantation est amorcée. « Les exigences universitaires n’ont pas été suivies avec une intégrité absolue, et il est très inhabituel qu’une situation s’envenime à ce point », a-t-il dit.
La question avait été soumise au Comité de la liberté académique et de la permanence de l’emploi de l’ACPPU, et a été débattue à l’assemblée du Conseil du 2 mai.
« Nous demeurons ouverts au dialogue afin d’éviter le blâme », a précisé M. Robinson. « Toutes les parties ont l’obligation de prendre les dispositions nécessaires pour régler la question. »
L’ACPPU n’a pas eu recours à la sanction de blâme depuis qu’elle l’a l’imposée à l’Université des Premières nations en 2008.