L’élimination du plafond de la plupart des droits de scolarité en Nouvelle-Écosse laisse présager le pire pour l’ensemble de la communauté universitaire, préviennent les critiques.
Abolissant la réglementation des droits de scolarité — gel et plafond — en vigueur depuis dix ans, le gouvernement libéral claironne dans son budget du 9 avril que « les universités sont des institutions autonomes qui doivent avoir la flexibilité voulue pour prendre des décisions. »
Le budget permet aux universités de la province de faire « un ajustement unique au marché des droits de scolarité, de manière à fixer des montants similaires pour des programmes similaires. »
Au terme de cet « ajustement », qui peut se faire sur plusieurs années, un plafond annuel de 3 % limitera l’augmentation des droits de scolarité des étudiants néo-écossais du premier cycle. Le plafonnement des droits de scolarité des étudiants étrangers et des cycles supérieurs ne sera toutefois pas rétabli.
Les droits de scolarité en Nouvelle-Écosse sont déjà les troisièmes plus élevés au pays. Dans une province frappée par un important déclin démographique, il est à craindre qu’une augmentation des droits de scolarité n’altère considérablement la capacité d’attirer et de retenir les jeunes.
« Environ le tiers des étudiants du niveau postsecondaire en Nouvelle-Écosse provient de l’extérieur », a déclaré Matthew Furlong, agent de communications pour l’Association of Nova Scotia University Teachers. « Une baisse de cet effectif serait catastrophique pour tout le monde. »
Selon M. Furlong, le processus de consultation prébudgétaire qui devait permettre la discussion d’un large éventail de points s’est plutôt focalisé sur des impératifs commerciaux.
« Il n’y a aucune vision sociale. Un système entièrement axé sur la réponse à des besoins commerciaux va totalement à l’encontre de sa véritable mission éducative », a-t-il ajouté.
Le personnel académique n’est pas le seul à faire le procès du budget annoncé par la ministre des Finances Diana Whalen. L’endettement moyen des étudiants dans la province atteignant 37 000 $, les jeunes attendaient une forme quelconque de soutien, d’affirmer la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants.
« Avec ce budget, la Nouvelle-Écosse risque de reprendre son premier rang de province canadienne où les droits de scolarité et le niveau d’endettement des étudiants sont les plus élevés », a affirmé Michaela Sam, présidente de la section néo-écossaise de la FCÉÉ. « C’est un échec flagrant pour le gouvernement. »
D’après Mme Sam, des sondages commandés par le gouvernement à l’automne 2014 montrent « un soutien massif de la population à un contrôle gouvernemental accru sur les droits de scolarité et les frais accessoires et auxiliaires, ainsi qu’à une réduction des droits de scolarité ». Ils révèlent également que « 85 % des Néo-Écossais s’opposent à ce que les universités aient la latitude de fixer elles-mêmes les droits de scolarité, et 60 % ne sont pas défavorables à une hausse d’impôt qui se traduirait par une réduction des droits de scolarité ».
Or, chaque établissement est désormais libre de fixer ses propres droits de scolarité « par voie d’ajustements internes non assujettis au contrôle gouvernemental », a-t-elle précisé.
Par ailleurs, le programme provincial de plafonnement de la dette ne s’appliquera plus aux quelque 1 500 Néo-Écossais qui étudient à l’extérieur de la province. Et l’augmentation annuelle des subventions de fonctionnement des universités est limitée à 1 % pour les quatre prochaines années.