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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

mai 2015

Le financement fédéral de la recherche fondamentale fait du surplace

Le budget fédéral 2015 déposé le mois dernier a provoqué de nouvelles déceptions au sein de la communauté universitaire et de la recherche au Canada.

« Encore une fois, le budget témoigne de la ferme résolution du gouvernement Harper à soutenir les partenariats entre les établissements de recherche et le secteur privé, et à minimiser le rôle de la recherche fondamentale et axée sur la découverte », a déclaré le directeur général de l’ACPPU, David Robinson.

Le gouvernement n’investira dans la recherche cette année que 10 millions de dollars en nouveaux fonds. Ses autres annonces concernent la réaffectation de crédits existants, notamment 119,2 millions sur deux ans pour appuyer les activités de recherche et développement du Conseil national de recherches en partenariat avec l’industrie, et 105 millions sur cinq ans afin de sou­tenir le réseau CANARIE.

Le budget ne prévoit pas d’argent frais pour les trois conseils subventionnaires en 2015-2016. Il leur octroie 46 millions de dollars l’année suivante, la majorité de ces fonds étant toutefois réservée à des programmes de partenariat. Il affecte aussi 9 millions de dollars au Fonds de soutien à la recherche qui aide les établissements postsecondaires à assumer les coûts indirects de la recherche.

Le gouvernement a également annoncé l’octroi de 1,33 milliard de dollars sur six ans à la Fondation canadienne pour l’innovation, somme qui sera très majoritairement investie après 2018 aux fins expresses d’appuyer l’infrastructure de recherche des établissements postsecondaires et d’ainsi favoriser les projets de recherche en collaboration avec le secteur privé.

« En matière de soutien à la re­cherche universitaire, l’approche du gouvernement n’a rien d’équi­libré », a dit M. Robinson. « Le gouvernement n’a toujours pas compris que l’innovation et les véritables progrès scientifiques sont le résultat de la recherche fondamentale à long terme, et non de la réponse à court terme aux besoins du marché. »

Bon nombre des investissements en recherche prévus dans le budget fédéral 2015 semblent mus par des intérêts politiques dans des circonscriptions électorales ciblées, ou par des visées commerciales. Le gouvernement a ainsi dissipé tous les doutes possibles concernant l’importance du sud-ouest de l’Ontario sur la scène électorale en annonçant l’affectation l’an pro­chain d’environ la moitié des 10 millions de dollars en argent frais à un nouveau programme de soutien à l’innovation dans l’industrie automobile.

Malgré les généreuses subventions au secteur privé et le financement ciblé de la recherche, le bilan international du Canada en re­cherche et développement demeure maigre. Le Canada se situe maintenant au 22e rang des 34 pays de l’OCDE pour l’investissement privé en R-D, alors qu’il était au 16e rang en 2006.

C’est une tendance dont devrait s’inquiéter quiconque se préoccupe du sort de la politique scientifique, de souligner M. Robinson.

« Les investissements annoncés tant dans le budget d’aujourd’hui que dans celui de l’an dernier ne sont pas suffisants pour stimuler l’innovation », a-t-il dit. « L’approche qu’a jusqu’ici adoptée le gouvernement a échoué, y compris selon ses propres critères. Les Canadiens ont droit à une politique scienti­fique renouvelée, dont les orientations appuient la recherche fondamentale utile à tous. »