Le premier budget du gouvernement libéral majoritaire de l’Ontario est, selon ses détracteurs, une autre occasion ratée pour les établissements d’enseignement postsecondaire dont le financement stagne une deuxième année d’affilée. Dans son exposé budgétaire du 23 avril, le ministre des Finances Charles Sousa n’en avait que pour la création d’emplois et la croissance économique.
Le gouvernement prévoit d’affecter plus de 130 milliards de dollars sur 10 ans à des projets d’infrastructure, somme qui proviendra en partie de la vente d’actifs et de la privatisation à 60 % de la société provinciale de distribution d’électricité Hydro One.
« Les gens sont à juste titre préoccupés par le projet de privatisation d’Hydro One », a déclaré Kate Lawson, présidente de l’Union des associations des professeurs des universités de l’Ontario. « Parallèlement à cela, le gouvernement est discrètement en train de refiler les coûts de l’enseignement supérieur aux étudiants et à leurs familles. Pour la toute première fois, les droits de scolarité représentent plus de la moitié des budgets des universités. C’est une autre forme de privatisation. »
Le niveau de financement par étudiant des universités ontariennes est à son plus bas depuis les années 1960, de dire Mme Lawson, mais le sous-financement chronique conjugué au nombre record d’inscriptions amène les universités à recourir de plus en plus à du personnel enseignant contractuel mal rémunéré et dépourvu, ou presque, d’avantages sociaux.
« Les étudiants, le personnel académique contractuel, et leurs familles font les frais du désengagement du gouvernement à l’endroit des universités. À long terme, chaque Ontarienne et Ontarien ressentira les effets de l’érosion du financement public des universités », a ajouté Mme Lawson.
Le budget comprend quelques modestes mesures pour renflouer l’aide financière aux étudiants, dont l’indexation du plafond des prêts étudiants et du plafond de la dette pour les étudiants. Un nouveau programme de « régularisation » permettra aux emprunteurs ayant failli à leur obligation de remboursement de se remettre en règle en abaissant les versements exigés. En outre, le véhicule ne fait plus partie de l’actif d’un étudiant au titre de la demande d’aide financière.
Les étudiants ont vite dénoncé les changements proposés qui ne feront selon eux qu’accroître l’endettement étudiant, sans s’attaquer aux coûts initiaux de l’éducation.
« Ironiquement, ce budget a pour titre Favoriser l’essor de l’Ontario, alors que les étudiants continuent d’être écrasés sous le poids d’imposants droits de scolarité et d’un endettement croissant », a affirmé Anna Goldfinch, représentante de l’exécutif national de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants – Ontario. « Le gouvernement doit avoir la volonté politique de faire d’importants investissements pour bâtir un système d’enseignement postsecondaire abordable et accessible pour tous les Ontariens. »
Le budget ne fait pas l’économie de restrictions puisque le gouvernement, de souligner le ministre des Finances, prévoit d’éliminer le déficit de 10,9 milliards de dollars en 2017-2018.
Selon Mme Lawson, le gouvernement doit livrer la marchandise. La prospérité n’arrivera pas par miracle.
« Le budget souligne que les universités sont essentielles à la prospérité économique, mais n’affecte aucuns nouveaux fonds publics à l’enseignement supérieur », a-t-elle dit. « Des universités publiques adéquatement financées sont garantes d’une économie solide et d’une société juste. Nous devons investir dans nos universités pour maintenir l’excellence et en préserver le caractère public. Ce faisant, nous investissons en fait dans les étudiants, dans les communautés et dans l’avenir de notre province. »