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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

octobre 2015

Le Japon exige des coupes dans les sciences humaines et sociales

L’Université de Tokyo, reconnue comme l’un des établissements d’enseignement supérieur les plus prestigieux du Japon, a fait savoir qu’elle ne se conformerait pas à la directive du ministre de l’Éducation demandant d’abolir les facultés de sciences humaines et sociales. [IStock.com/Jaimax]
L’Université de Tokyo, reconnue comme l’un des établissements d’enseignement supérieur les plus prestigieux du Japon, a fait savoir qu’elle ne se conformerait pas à la directive du ministre de l’Éducation demandant d’abolir les facultés de sciences humaines et sociales. [IStock.com/Jaimax]
Le gouvernement japonais a ordonné aux universités publiques de revoir leur offre et d’élaborer des plans de réforme des sciences humaines et sociales. Selon la directive du mi­nistre de l’Éducation, les universités doivent prendre des « mesures actives pour abolir les facultés (de sciences humaines et sociales) ou pour les convertir afin de favoriser des disciplines qui servent mieux les besoins de la société ».

La directive du ministre a provoqué un tollé au sein de nombreux groupes, y compris le puissant syndicat patronal des entreprises du Japon, Keidanren.

Keidanren a indiqué, par voie de communiqué, que les médias avaient erré en rapportant que les entreprises « cherchaient des ressources humaines prêtes à entrer sur le marché du travail, non pas
des diplômés en sciences humaines ». Il précisait que les entreprises membres voulaient exactement le contraire, à savoir des diplômés « qui peuvent résoudre des problèmes en se fondant sur des idées qui englobent les différentes disciplines des sciences humaines et sociales, non seulement sur celles qui peuvent être immédiatement efficaces ».

Le Conseil scientifique du Japon, une organisation formée de scientifiques et relevant directement du premier ministre, a également exprimé son opposition.

Dans une note qu’il a publiée, le conseil soutient que les sciences humaines et sociales « jouent un rôle essentiel et unique dans la comparaison, l’analyse, la réflexion et la critique des actions humaines et du fonctionnement de la société. Les universitaires contribuent à l’enrichissement intellectuel et culturel de la société et ils sont responsables de la transmission de cette richesse aux générations montantes. Nous considérons qu’il est de notre devoir de produire, d’améliorer et de transmettre un ensemble équilibré et approfondi de connaissances sur la nature, les êtres humains et la société. »

Vingt-six universités ont déjà annoncé qu’elles accéderaient à la demande du ministre en fermant ou en réduisant les activités de leurs départements de sciences humaines et sociales.