Il faut de la vigilance pour défendre la liberté académique et la gouvernance collégiale, selon Pum van Veldhoven
L’association du personnel académique de l’Université Carleton sait qu’il faut de la vigilance pour défendre la liberté académique et la gouvernance collégiale. La présidente de l’association, Pum van Veldhoven, peut en témoigner.
« Le personnel académique s’investit dans les affaires de l’établissement et veut participer de manière démocratique », dit Mme van Veldhoven. « Mais une tendance se dessine depuis l’arrivée du nouveau recteur. »
En effet, l’établissement s’éloigne des principes de gouvernance partagée pour se retrancher derrière des portes closes et un mode unilatéral et arbitraire de prise décisions.
« Le conseil des gouverneurs n’a jamais tenu autant de séances à huis clos. L’an dernier, il a même retiré à nos membres le droit d’assister à des réunions qui étaient normalement ouvertes à la communauté universitaire », ajoute Mme van Veldhoven. « Dorénavant, les membres de la communauté n’ont accès qu’à la diffusion en direct des délibérations dans une salle à l’écart. »
Le secret entourant de plus en plus les séances du conseil a poussé le personnel académique, les étudiants et d’autres groupes à unir leurs voix. Les syndicats des employés et des étudiants, par l’intermédiaire de la coalition « Campus United », se sont ralliés pour exhorter le conseil des gouverneurs à ouvrir ses séances au public et pour « faire pression afin que l’Université Carleton se conforme aux règles établies ».
Root Gorelick, membre de la CUASA élu à titre de représentant du personnel académique au conseil des gouverneurs, tient un blogue personnel sur les travaux du conseil qui a provoqué le mécontentement de certains de ses membres et de la haute direction.
« Il s’est retrouvé sur la sellette pour avoir défendu la transparence, l’ouverture et la liberté académique », affirme Mme van Veldhoven.
À l’automne 2015, les membres du conseil des gouverneurs étaient invités à signer un nouvel accord de confidentialité dans lequel ils s’engageaient à ne pas commenter publiquement les travaux menés lors des séances ouvertes du conseil. La haute direction soutenait que ces changements n’avaient rien à voir avec la liberté académique ou la liberté d’expression, mais qu’ils clarifiaient les responsabilités fiduciaires des gouverneurs. La CUASA et l’ACPPU rejetaient cet argument.
En novembre 2015, la CUASA a porté cette question à l’attention du Conseil de l’ACPPU qui a adopté à l’unanimité une motion autorisant à engager la procédure de blâme si l’Université Carleton persistait à imposer le bâillon à M. Gorelick et prenait des mesures disciplinaires à son endroit.
Selon Mme van Veldhoven, si le syndicat a braqué les projecteurs sur cette situation, c’est que « d’autres campus sont semble-t-il confrontés aux mêmes problèmes ».
« Nous estimions que le conseil des gouverneurs n’avait pas respecté les principes de la gouvernance collégiale, la pierre d’assise de la liberté académique. Notre rôle est de protéger ces principes le plus vigoureusement possible. »
La CUASA a publié plusieurs déclarations pour manifester son soutien au professeur Gorelick dans son refus de signer un accord qui, à son sens, violait la liberté académique, et a tenu une conférence de presse.
« Nous prenons toutes les mesures possibles pour défendre ses droits », dit Mme van Veldhoven.
La CUASA est non seulement parvenue à attirer l’attention du personnel académique partout au Canada et à obtenir son appui, mais aussi à intéresser les grands médias à la question. Sur le campus, le personnel académique s’est rallié pour dénoncer le sort réservé au professeur Gorelick.
« Nous avons tenu une assemblée générale extraordinaire sur la question. Nos membres étaient prêts à rédiger des lettres et à signer des pétitions », souligne Mme van Veldhoven. « Nous avions diffusé de nombreux communiqués et la majorité de nos membres étaient disposés à lutter pour les droits de leur collègue. »
Les pressions et l’examen externe semblent porter leurs fruits. M. Gorelick a conservé son siège au conseil et tient toujours son blogue.
Or, bien qu’il y ait actuellement accalmie, Mme van Veldhoven sait que le travail n’est pas fini.
« Nous devons continuer de nous battre pour que les principes de la liberté académique soient respectés », dit-elle, « et pour que les gouverneurs agissent de manière transparente et démocratique. »