Mes deux années à la présidence de l’ACPPU ont été très enrichissantes. J’ai rencontré des gens extraordinaires, brillants, inspirants. J’ai acquis une compréhension plus pointue des nombreux enjeux qui touchent aujourd’hui le personnel académique au Canada. J’ai été exposé à de nouveaux points de vue. Et j’ai maintenant une conscience encore plus aiguë qu’avant de la chance que nous avons d’être appuyés par un organisme national comme l’ACPPU. C’est peut-être ce que je retire de plus marquant, et de plus inattendu, de mon passage à l’Association.
Nos homologues de partout dans le monde admirent le travail accompli par l’ACPPU et son personnel, et envient les protections dont les membres bénéficient. Grâce à notre participation à des forums internationaux comme l’Internationale de l’Éducation, nous avons gagné leur respect. Nous avons ainsi pu établir d’importants partenariats bilatéraux avec des collègues dont nous sommes séparés par la géographie — disséminés en Palestine, en Irlande, au Ghana, en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Zimbabwe. Nous y acquérons un savoir et des éclairages précieux et, en retour, nous mettons nos principes et notre expertise au service du monde.
Chez nous, nous continuons de tisser des liens étroits avec nos alliés dans le secteur de l’éducation postsecondaire, y compris avec nos collègues du Québec — la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université et la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec —, des associations d’étudiants et des syndicats. Loin de s’enfermer dans une tour d’ivoire et de s’arroger l’exclusivité de la « cause », l’ACPPU et ses associations membres tendent la main à tous ceux qui, comme elles, croient en l’importance d’un système d’éducation postsecondaire solide, public et accessible à tous, et multiplient les occasions de collaboration avec eux.
Grâce à toutes nos initiatives, au dévouement de nos militants et à l’expertise de notre personnel, notre association a eu une influence remarquable sur les décideurs à tous les niveaux, de la plus petite université aux corridors du pouvoir sur la colline du Parlement. Meilleures conditions de travail, financement accru de la recherche, gouvernance collégiale transparente et respect de la liberté académique : nous avons livré bataille sans relâche et avec succès sur ces fronts. Nous avons contribué à ce que la recherche scientifique et la préservation des bibliothèques deviennent des enjeux débattus à l’échelle nationale. Nous nous sommes opposés aux pires excès des politiques d’austérité et des manoeuvres d’ingérence des entreprises dans la gouvernance des universités et des collèges. Nous avons eu une empreinte bien réelle sur la préservation et l’amélioration de la qualité de la vie académique au pays.
L’ACPPU, c’est une grande communauté de gens diversifiée et accueillante. Nous encourageons tous nos membres des deux groupes linguistiques officiels à participer à nos activités, car leurs contributions nous sont précieuses. Nous sommes conscients de la difficulté de s’attaquer aux problèmes d’équité qui persistent dans le milieu académique et sommes toujours prêts à relever ce défi. Je suis très fier de constater que l’équité est maintenant toujours une considération dominante dans la défense des droits et des intérêts de la communauté académique.
Certes, il reste beaucoup à faire. Les inégalités enracinées dans le racisme, le sexisme, la capacité physique et l’hétérosexisme demeurent des obstacles de taille à la participation pleine et entière de nombreux étudiants et collègues à la vie académique. Elles vont souvent de pair avec la tendance de plus en plus lourde à engager du personnel académique contractuel, par définition précarisé, parce que sous-payé et privé d’une juste reconnaissance de son travail. Nous devons persévérer et amener le plus de membres possible à soutenir des mesures pour que l’ensemble du personnel académique jouisse d’un traitement juste et équitable ainsi que de la liberté académique. N’oublions jamais ce principe essentiel de solidarité : lorsque l’un d’entre nous subit un préjudice, nous en souffrons tous, car nous faisons cause commune.
Dans les années à venir, l’ACPPU devra relever un autre défi important : définir notre réponse aux 94 appels à l’action de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada.
L’ACPPU devra continuer de travailler dur, voire redoubler d’efforts là où elle le pourra, pour assurer aux effectifs étudiants et profes-soraux autochtones la place à laquelle ils ont droit dans le milieu académique. Il importe au plus haut point de respecter et de souligner la richesse, le dynamisme et la diversité des communautés autochtones d’aujourd’hui, compte tenu des terribles pertes qu’elles ont subies à l’époque du colonialisme. Le monde académique a tout intérêt à établir des rapports plus productifs et équitables avec les Premières nations du Canada, et pour cela, doit se garder de répéter les erreurs du passé. Dans le coffre à outils de la réconciliation, il faut inclure des méthodes d’intégration des Autochtones dans l’environnement académique fondées sur la créativité et la collaboration, et renoncer à insister pour qu’ils envoient leurs jeunes dans des établissements d’enseignement qui ne reconnaissent pas leur nature profonde ni ne favorisent leur développement à la hauteur de leurs aspirations.
J’ai eu l’incroyable privilège de présider l’ACPPU, et j’aimerais remercier sincèrement toutes les personnes dont le dévouement n’a d’égal que l’efficacité de cette association remarquable. Si je ne peux les nommer toutes ici, permettez-moi de saluer les membres du Comité de direction et des divers comités, ainsi que notre directeur général, David Robinson, dont la patience a été mise à rude épreuve au cours des deux dernières années par beaucoup trop de plaisanteries en latin et de références obscures au Moyen-Âge. Par-dessus tout, j’aimerais remercier chacun d’entre vous, membres de l’ACPPU, qui vous impliquez pour améliorer le quotidien de la communauté académique tout entière. Le fait que vous lisiez ces lignes signifie que vous prenez au sérieux le travail de l’ACPPU. Votre solidarité est essentielle à l’intégrité de la vie académique, et vous contribuez vraiment à changer les choses.
Nous pouvons être très fiers d’avoir un porte-parole national comme l’ACPPU. Ensemble, nous sommes plus forts, et ensemble, nous réaliserons encore de grandes choses.