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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

novembre 2008

Le ralentissement économique pourrait mettre à mal le financement de l’éducation

Le premier ministre réélu Stephen Harper et son gouvernement conservateur minoritaire font face à un déficit possible de 10 milliards de dollars, qui ne peut qu’aggraver les difficultés financières des provinces en période de ralentissement économique. Beaucoup prédisent que cela entraînera des compressions dans les programmes de santé, de services sociaux et d’éducation postsecondaire, entre autres. [Photo : Jason Ransom]
Le premier ministre réélu Stephen Harper et son gouvernement conservateur minoritaire font face à un déficit possible de 10 milliards de dollars, qui ne peut qu’aggraver les difficultés financières des provinces en période de ralentissement économique. Beaucoup prédisent que cela entraînera des compressions dans les programmes de santé, de services sociaux et d’éducation postsecondaire, entre autres. [Photo : Jason Ransom]
Le gouvernement conservateur ré­-élu depuis peu examine actu­elle­ment différentes compressions de dépenses qu’il pourrait effectuer pour éviter un déficit éventuel, indi­quent des informations récentes.

Le premier ministre Stephen Har­per a soutenu tout au long de la campagne électorale que le Ca­nada était bien préparé pour surmonter la crise économique engen­drée par la tourmente financi­ère internatio­nale. Il devait cependant reconnaî­tre, dans les jours qui ont suivi les élections du 14 octobre où les Co­n­servateurs, toujours mino­ritaires, ont été reportés au pouvoir avec un mandat renforcé, que le ralentissement économique avait une in­cidence sur les finances pu­b­liques et que la possibilité de déposer un budget déficitaire au cours de la pro­chaine année n’était pas exclue.

« Je ne crois pas que nous dis­po­­sions de toutes les informations utiles à ce sujet, et je pense qu’il serait prématuré de conjecturer à cet égard », a dit M. Harper aux journalistes lors de la conférence de presse qu’il a donnée avec les dirigeants europé­ens réunis à Qué­bec le 17 octobre.

« Je tiens à préciser clairement que le gouvernement du Canada continuera de pratiquer des politiques financières responsables et veillera à ce que ses actions, quelles qu’elles soient, assurent la viabilité à long terme de l’économie canadienne. »

Si, comme le font valoir la plupart des économistes, le fait d’être en déficit dans la conjoncture ac­tu­elle de ralentissement écono­mi­que peut contribuer à stimuler la demande et la reprise, une telle situation n’est pas sans poser de ris­ques politiques aux Conservateurs qui ont fait leur campagne sur le thème du maintien de l’équilibre budgétaire.

Le dernier budget fédéral prévoit un surplus de 2,3 milliards de dollars pour l’année financière 2008– 2009 et de 1,3 milliard de dollars pour l’année suivante.

Maintenant que l’économie tourne au ralenti, cependant, les économistes en général affirment que le gouvernement est en voie d’afficher un énorme déficit dans son budget de l’année prochaine et ceux des années suivantes.

David Wolf, économiste chez Mer­rill Lynch, et Don Drummond, économiste en chef du Groupe financier Banque Toronto Dominion, prédisent tous les deux que le gou­vernement fédéral s’achemine vers un déficit de 10 milliards de dollars en 2009­–2010 et que les pro­­vinces aussi connaîtront des temps difficiles.

Le ministre des Finances, Jim Fla­herty, a laissé entendre qu’il ferait tout en son pouvoir pour éviter un déficit, même s’il faut pour cela ré­viser à la baisse les prévisions de dé­penses ou retarder la mise en oeuvre des mesures annoncées dans le programme électoral du Parti conservateur, telle la réduction de la taxe d’accise sur le diesel, de quatre à deux cents le litre.

Certaines indications laissent croire que les Conservateurs envi­sagent d’autres solutions possibles, comme geler le recrutement dans la fonction publique et attribuer aux provinces la responsabilité de certaines dépenses.

Selon la présidente de l’ACPPU, Penni Stewart, l’imposition de com­pressions budgétaires dans les services pourrait sérieusement mettre à mal le financement de l’éducation postsecondaire. « Il a toujours été politiquement plus facile pour le gouvernement fédéral de tailler dans les transferts de fonds aux pro­vinces. Ces compressions ont des répercussions sur des programmes offerts par les provinces, notamment dans les secteurs de l’éducation, de la santé et des services sociaux, et ce sont les provinces qui finissent par recevoir le blâme. »

La majorité des observateurs s’en­tendent pour dire que les Conservateurs, même s’ils reprendront leurs sièges au Parlement au sein d’un autre gouvernement minoritaire, parviendront sans doute à faire adopter leurs compressions malgré les objections des Bloquistes et des Néo-démocrates, jusqu’à ce que les Libéraux choisissent le rem­plaçant de leur chef démissionnaire Stéphane Dion.