Plus de 9 000 membres du personnel scolaire à temps partiel et de session qui travaillent dans les 24 collèges communautaires de l’Ontario pourraient devoir attendre quelque temps avant de connaître l’issue du plus grand vote d’accréditation syndicale de l’histoire de la province.
Le vote tenu dans l’ensemble de la province en vue de déterminer si la majorité des employés visés veulent adhérer au Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario (SEFPO) s’est terminé le 5 février, mais l’on s’attend à ce que des retards surviennent dans la compilation des résultats.
Selon la présidente de la Division du personnel scolaire du SEFPO, Paddy Musson, l’impact d’une éventuelle syndicalisation de ce groupe d’employés est si énorme que les collèges employeurs contesteront fort probablement la validité du plus grand nombre possible de bulletins de vote. Le débat sur la question de savoir qui a le droit de voter risque de retarder l’annonce des résultats pendant des semaines, voire des mois.
Mme Musson, qui travaille à la syndicalisation des enseignants à temps partiel et de session dans les collèges de l’Ontario depuis plus de 25 ans, est d’avis que les collèges soulèveront inévitablement des contestations parce qu’ils estiment avoir beaucoup à perdre.
Elle soutient que les collèges et les universités dans tout le pays font payer aux employés à temps partiel le sous-financement de l’éducation.
Les professeurs à temps partiel n’ont droit ni aux avantages sociaux ni aux vacances et jours fériés payés, n’ont aucune sécurité d’emploi et ne peuvent pas se prévaloir de la procédure de règlement des griefs.
Ce qui fait aussi problème, c’est ce que l’employeur appelle sa « flexibilité », explique Mme Musson. « Ce qu’il veut en fait, c’est le pouvoir d’embaucher des professeurs et de les rémunérer seulement pour les heures d’enseignement et non pas pour le travail de préparation de leurs cours. Les professeurs de collège à temps plein ont mené cette bataille auparavant et ont obtenu la rémunération du travail de préparation et d’évaluation, ce qui demande évidemment beaucoup de temps; alors cette « flexibilité » de l’employeur consiste à ne pas rémunérer les enseignants à temps partiel pour tout le travail qu’ils doivent accomplir pour pouvoir offrir des cours de qualité. »
Or, le vote d’accréditation, souligne-t-elle, est avant tout « le moyen d’obtenir justice et de combattre l’idée qu’un membre du personnel scolaire à temps plein puisse avoir le droit légal d’adhérer à un syndicat alors que son collègue à temps partiel, qui effectue exactement le même travail, en soit dépourvu ».
La syndicalisation obligera en outre l’employeur à modifier ses priorités, ajoute-t-elle.
« Si nous réussissons à négocier l’équité d’emploi pour le personnel scolaire à temps partiel, l’employeur devra créer des postes à temps partiel pour des raisons d’ordre pédagogique et non pas seulement lorsque cela se justifie du point de vue des affaires. »
Les membres du personnel scolaire à temps partiel et de session ont dû attendre des années avant d’avoir le droit de se syndiquer, qui a finalement été reconnu dans la loi adoptée en août 2008.
La Commission des relations de travail de l’Ontario a ordonné la tenue du vote après que le SEFPO lui eut présenté des milliers de cartes de demandes d’adhésion syndicale en décembre dernier.
« L’employeur avance que la syndicalisation des enseignants à temps partiel des collèges modifiera en profondeur les rapports que ceux-ci entretiennent avec lui », rapporte Mme Musson. « Et nous, nous disons qu’il est enfin temps que cela se produise. Espérons que nous n’aurons pas à attendre longtemps les résultats du vote! »
« Il est à souhaiter que nous puissions commencer, dès le début de la session d’été, à négocier la première convention collective des employés à temps partiel », conclut-elle.
Le SEFPO représente actuellement 16 000 membres du personnel scolaire et de soutien à temps plein dans les collèges de l’Ontario.